?Peut-on imaginer un Moyen-Orient sans chrétiens

دينبريس
2020-09-20T21:45:03+01:00
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دينبريس20 سبتمبر 2020Last Update : الأحد 20 سبتمبر 2020 - 9:45 مساءً
?Peut-on imaginer un Moyen-Orient sans chrétiens

Par Saad Salloum (1)
Traduit de l’arabe par : Abdelhamid Skikri (2)
L’identité du Moyen-Orient connaissait depuis longtemps un processus de métamorphose vers une identité unique, à laquelle on a retirétous les avantages que lui offrent la diversité et le pluralisme qui avaient constitué son capital civilationnel. Cette région était depuis longtempscomme étant le berceau des trois religions abrahamiques et la source des valeurs symboliques du monde contemporain. Dès lors, les dernières décennies ont été témoins d’une absencefulgurante de la composante chrétienne dans le panorama de la Bible. En Irak, berceau géographique, anthropologique et spirituel de la Bible de l’une des plus anciennes communautés chrétiennes dans le monde, les chrétiens se sont transformés en une communauté en voie de disparition, dans un sillage de haine et de violence,qui n’a épargné personne.

Les statistiques nous offrent des indications alarmantes), vuque le nombre des chrétiens turcs, qui avoisinaient des millions au début du XXe siècle, n’est que de quelquesmilliers aujourd’hui. En Syrie, ils sont passésd’un tiers de la population dans les années 1930 à seulement 10% aujourd’hui. Au Liban, ils avaientpassésde la majorité pendant la même période précédente au tiers de la population aujourd’hui. Quant àl’Egypte, et pour la première fois, depuis les années1950, la communauté Copte connait une vague d’exode depuis leur territoire. En Palestine, leur nombre a dégringolé alors qu’il était supérieurà celui des musulmans.

Force est de constater que le changement qui se produit dans les pays de la région, notamment après les révolutions du « printemps arabe », pousse les chrétiens à immigrer massivementce qui se nuira indubitablement à la diversité de ces pays, en lestransformant en des îlots isolés et enclavésdans des conflits mutuels.

La terre natale du (de notre) Seigneur Jésus-Christ fut loin d’être une terre de paix aujourd’hui. L’échec de l’expérience d’un Etat national au Moyen Orient avait entraîné la région dans un paysage universel instable, et en dernier lieu, vers un « marasme civilisationnel ». Force est de constater qu’à chaque fois un chrétien décida de quitter son pays, celaenvoie des signaux fortsà toute la masse démographique des chrétiens d’Orient qui ne cesse de régresser ; ce qui entraînera leur disparition imminente, et petit à petit, l’absence de toute diversité au sein de leurs communautés.

Avant de devenir une réalité morose, cet échec, qu’on vient d’y assister, avait passé par tantd’étapes horribles. En effet, à partir de l’événement de l’exterminationdes Arméniens en Turquie, perpétréentre 1914 et 1918 par l’empire Ottoman, ayant causé la mort d’environ un million d’humains […]délaissant leurs monastères, églises et villages, une exode massive fut entamée parles chrétiens vers les pays voisins. Pendant le règne monarchique en Irak, la politique de vengeance initiée à l’encontre des Assyriens – en raison deleur complicité avec les britanniques, pendant la Grande Guerre (ou Première Guerre mondiale) – fut perçu comme le début d’une série d’actes de violences systématiques,qui aboutira, plus tard, au premier coup d’Etat militaire dans le monde arabe (i.e. celui de BikrSidki en 1936). A partir de 1958, un état d’instabilité politique et l’avènement des coups d’Etat par les militaires qui régnaient sur la région, fussent derrièrela vague d’immigration entamée par la population vers des lieux sûrs et stables en Occident. En effet, la destruction de plusieurs villages chrétiens, le bombardement de leurs églises et la destructionde leurs monastères fussent également les principaux motifs de l’exode, la fuite ou l’immigration. Tout cela se passait dans uncontexte de guerre civile, au cours des affrontements entre le gouvernement centrale et les Kurdes […].

Avant que l’époque des années 1970 permette une marge de stabilité relative, l’arrivée de Saddam Hussain à la tête du pouvoir a stimulé les conflits internes et régionaux, donnant ainsi une raison de plus à tous ses détracteurs politiques pour fuir une confrontation résolue avec une poignée de fer tyrannique ;achevéepar la rentrée du Baath, (parti politique dont les principes s’articulent autour de la laïcité) dans les rouages d’une guerre sans Mercie, et ce contre la République Islamique de l’Iran. Par la suite, ces conséquences seraient aperçues comme étant le principal motifpour plusieurs composantes de la communauté chrétienne, afin de sauver leur peaude cette frénésie incarnée dans ce conflit« idéologique » entre deux titans de la région.

Mais encore, toute la région avait assisté encore une fois, à un enchainement de ces frénésies qui ne cessaient de recommencer. Et ce qui est arrivé à partir de 1991, plusieurs événements majeurs ont changé la donne dans la région :La 2ème Guerre du Golfe et le blocus économique qui l’a accompagné de nouvelles pressions imposées, entraînant une vague de migration irréversible et inévitable ; en particulier, lors de la « compagne religieuse » dans les années 1990. Nul ne peut nier que cette dernière était perçue en tantqu’un choix politique complexe qu’a entrepris paysvis à vis la montée en puissance du conflit avec l’Occident, à cet époque. Par conséquent, on a assisté à une réorientation de la vision de « l’Occident » sous un prisme religieux. Le but était de convenir au conflit communautaire que menait le régime, à l’époque, régit par un systèmelaïc civil qui s’est vu s’engouffrer dans les marasmesabyssaux de « l’islamisation ».

Toutefois, le caractère odieux était la principale caractéristique de la violence initiée par les groupes armés islamistes contre les chrétiens de l’Irak après 2003, avec l’émergence de la mentalité à caractère« disqualifiant »à l’encontre des « Dhimmis » qu’avait entrainécelle-là. Ce qui a bouleversé les concepts et la classification sociale basée sur la confession ; un chrétien est devenu « un Nasrani » et un « Dhimmi » ; en d’autre mots,« un humain de second degré ».Très vite, Ceci a déclenché une vague d’immigration chrétienne inverse en direction de leurs régions natales dans les plaines de Naynawa et les zones où il exista encore une sorte de sécurité, quoique provisoire, au sein de a province du Kurdistan, du côté iraquien. Résultat : le pays avait connuillico la plus large immigration des minorités dans l’histoire de l’Irak moderne. Pour la grande majorité de ses minorités, cela était un déclic : une vague d’immigration irréversible. Selon ces minorités, ce n’était plus un choix provisoire ou temporaire, comme il ne reflétait non plus un choix individueldû à des raisons économiques. C’est fini, pour eux, comme dixit le proverbe français ; « les carottes sont cuites », une décision finale et irrévocable a été prise ; Et ce, malgré que les conditions en matière de sécurité ont accusé une amélioration. Deux épilogues qui s’annoncent à l’horizon : soit une impression que la patrie est perdue complétement ; ou bien pour le moins que l’on puisse dire : ils se sentent comme des étrangers dans un pays qui n’est plus les leurs (ou bien une partie).

Ici, il s’agit d’un exode des pays d’origine vers des pays alternatifs ; c’est une régression de la vie publique à l’enfermement identitaire ; un retour vers le concept d’un pays « désintégré » et décomposéen communautés ; plutôt que verscelui d’une identité principale perdueau profit d’uneautre subsidiaire, mais tant convoitée.

Cela dit, selon eux, la culture de disqualification fondamentaliste adoptait une mémoire sélective et une lecture partiale et vénérant de l’histoire et du « texte » fondateur de la Jammaâ : le’Coran’. Or, elle ignorait que la grandiose de l’Islam ne saurait être parfaite sans les chrétiens. Certes, les savants Assyriens ont contribué à l’accès de la culture arabe islamique en Irak « l’Âge d’or » ; au cours duquel Baghdâd est érigée en tant que capitale mondiale. Grâce à leur apport en matière de traductions du patrimoine grec (de la langue grecque versl’arabe ; comme étant un relais ayant permis la transmission des sciences anciennes à la civilisation des sièclesmédiévaux.

Partant de ce qui précède, les efforts inestimables des arabes dans l’échiquier mondial demeurent inimaginables. En effet, les chrétiens sont les « anges gardiens » de notre civilisation siancienne et ancrée dans l’histoire et un germe de notre arbre généalogique, et ce depuis l’antiquité, où avaient vécu les premières civilisations.

Pour conclure,« peut-on se poser la question suivante : un musulman peut-il aujourd’hui nier le mérite qui revient aux chrétiens, d’autant plus leur rôle dans l’édification de l’Islam ? Et est-ce qu’on est censé rappeler qu’ils n’étaient pas qu’un simple pont culturel qui avait offert un élan à la civilisation islamique, et ce à l’échelle mondiale. Ainsi, le rôle des chrétiens ne saurait être limité à une simple opération de « transmission ou médiation culturelle », partant du constat selon lequel la phase initiale de la civilisation arabo-islamique avait exigé que les chrétiens devraient concourir à un apport dans l’édification d’un système aussi bien sociétal que culturel, basé principalement mais naturellement sur l’Islam. En dernier lieu, l’apport en question a permis desoulever tant de questions critiques et offrir tantd’éléments précurseurs, mais aussi,une feuille de route en tendant la perche aux musulmans dans leur quête à trouver des réponses à tant de questionnements. »

A la lumière de ce qui précède, comment pourrait-on imaginer une civilisation arabo-musulmane sans chrétiens ? Et sans ces derniers,cette civilisation mondiale, aurait-elle pu réagir aux défis auxquels elle a fait face pendant son apogée (en faisant référence à l’Âge d’or islamique) (en devenant une empire) ; marquée par le règne d’une panoplie de communautés et de religions, sans interaction avec ces cultures ? Aurait-il été possible defournir des réalisations qualitatives, dans les domaines du savoir : la pensée, la philosophie, les sciences et l’art, sans ce rôle, tant marginalisé ou plutôt délaissé, et ce en faveur d’une version sélective de l’histoire ?

De même, la renaissance cultuelle moderne fut longtemps reliée aux chrétiens. En effet, les Pères Dominicains eussent été les instigateurs derrière l’introduction de la première imprimerie à Mossoul entre 1856 et 1857. Lepremier livre imprimé portait sur la grammaire de la langue arabe, et fut intitulé : « Compendium des principes de la grammaire arabe » du Père Josef Daoud. Le premier livre sacré (La Bible) en arabe y a été imprimé dans cette imprimerie. Par ailleurs, n’en déplaise d’évoquer le rôle des chrétiens dans la presse, qui fut prépondérant avec leur publication en 1902 à Mossoul, du premier magazine en Irak intitulé(Iklil AlWoroud) « ou Couronne des Roses ». Quant à elle, PaolinaHassoun publiéle premier magazine féminin en Irak en 1927. Ainsi, l’histoire regorge de tant de témoignages qui montrent que les chrétiens étaient une sorte « d’anges gardiens » pour la langue arabe et figurent parmi les personnalités lesplus marquantes. Il suffit juste de reconnaitre qu’ils étaient les pionniers de la renaissance arabe moderne qui a été associée à leurs efforts consentis (…).
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1 – http://iraqcid.org/en/saad-salloum/
2 – https://ed58.www.univ-montp3.fr/fr/annuaire_recherche/abdelhamid-skikri

من ترجمة: ذ. عبد الحميد سكيكري – مترجم وباحث في سلك الدكتوراه بجامعة بول فاليري – مونبلييه الثالثة –فرنسا. يشتغل على ثيمات تتعلق بتحليل الخطاب ودراسات الترجمة في العالم العربي والإعلام الرقمي.
المصدر: مقتطف من مقدمة الكتاب الموسوعة” المسيحيون في العراق”والمعنونة ب ” هل يمكن تخيل الشرق الأوسط من دون مسيحيين؟”(الصفحات من 13 إلى 15). حرره وساهم فيه وجمع أرشيفه الأكاديمي والناشط في مجال الدفاع عن التعددية الباحث العراقي الدكتور ” سعد سلوم” -بيروت2014– (عدد الصفحات 816)(https://ishtartv.com/viewarticle,61751.html)

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